La dernière semaine de janvier 1910, après une longue période pluvieuse, la Seine sort de son lit, emprunte couloirs du métro, nouvelles voies de chemin de fer, égouts et autres canalisations et transforme Paris en petite Venise. La crue atteint 8,62 mètres de hauteur. Un ancien bras du fleuve se remet en eau et le quartier de la gare Saint-Lazare se retrouve sous les eaux.
Paris inondé, présente cette dizaine de folles journées que vécurent avec humour ceux qui gardaient les pieds au sec, et dans l’angoisse la grande foule des réfugiés parisiens et banlieusards. Photos, films, correspondances et journaux font revivre ces scènes loufoques de processions sur passerelles et de voyages en barques réquisitionnées sur les plans d’eau parisiens. Chapeaux haut de forme et chapeaux à plumes s’assemblent sur le pont de l’Alma pour guetter le niveau des eaux sur la statue du zouave. Tandis que les pavés de bois des rues, jugés plus économiques que le granit, flottent comme les livres d’une bibliothèque engloutie, de grands gaillards portent de dignes académiciens sur leur dos et le préfet donne l’ordre de verser les charrettes d’ordures dans le fleuve.